Intervention des Communistes Préfecture
Monsieur le Préfet, Mesdames, Messieurs, Chers ami-e-s et chers camarades,
Notre département peut se vanter d’organiser la « valse des préfets ». Le dernier en date, Bernard Schmeltz, est arrivé en Vendée, il y a un peu plus d’un an et demi. Il a été nommé cet été dans le département de l’Essonne. Jean-Benoît Albertini, le remplace. Et puis, il a fallu aussi remplacer le Secrétaire Général. Le nouveau venu est Jean-Michel Jumez. Ils ont pris leurs fonctions ce lundi 26 août.
La Vendée a donc vécu plusieurs semaines sans Préfet, sans Secrétaire Général et aussi sans Directeur Départemental du Travail, de l’Emploi et de la Formation. C’est une situation inédite.
Nous sommes rassemblés, ce midi, pour interpeller le Gouvernement et le Président de la République.
L’actualité nous y oblige. Nous demandons que le gouvernement et le chef de l’Etat renoncent à une intervention militaire en Syrie. Nous le savons, l'escalade de la confrontation militaire provoquée par le régime syrien suscite de très graves inquiétudes. La crise syrienne est devenue dans les faits une crise géo-politique internationale. Le bilan de cette confrontation est effroyable : environ 100 000 morts, plusieurs millions de réfugiés dont un million d'enfants, un pays dévasté, des villes en cours de destruction, une société pulvérisée par une violence et des affrontements internes directement soutenus par des États et différents acteurs politiques de la région.
Alors oui il faut arrêter ça ! Comment ? Certainement pas en ayant recours à une intervention militaire. Bombarder la Syrie serait ajouter la guerre à la guerre. Avec les risques rarement égalés d'un embrasement au Moyen-Orient, notamment d'une explosion du Liban où les attentats, les représailles et les vengeances se succèdent.
Nous appelons les autorités françaises à prendre l'initiative pour que l'exigence d'une solution politiquel'emporte contre les menaces qui pèsent sur la sécurité internationale.
Bien évidemment aussi, la situation économique et sociale, l’emploiméritent une toute autre attention. A la veille de la rentrée scolaire, il y a toutes les questions d’Education, de formation professionnelle. Notre département se traîne en queue de peloton pour le niveau de réussite scolaire. Et, désormais, à peu près tous les décideurs le reconnaissent, c’est bien le niveau du diplôme qui garantit les chances de l’insertion dans l’emploi et de poursuite professionnelle. Et puis il y a aussi la situation des principaux services publics…à commencer par les services de l’Etat, dont celui de l’emploi et de la formation.
Le nouveau Préfet, à qui nous souhaitons la « bienvenue », a déclaré, dès son arrivée, que sa priorité ce serait l’emploi. Et bien « chiche » !
Nous ce que nous attendons, ce sont des actes.
Lors de sa venue en Vendée le Président de la République ne nous a pas rassurés. Il a pris pour exemple l’entreprise KFC (Kentucky Fried Chicken), soit, Poulet Frit à la Kentucky).Société qui fait partie d’une chaîne de restauration rapideaméricaine. Chaîne qui dispose de prés de 40 000 restaurants dans plus de 100 pays. Les usines américaines KFC sont aujourd’hui en grève, car les salariés en ont assez de leurs conditions de travail et de salaires. KFC en France suscite pas mal de controverses. Plusieurs de ses restaurants n'affichent pas les certifications réglementaires qui devraient y être associées. Par ailleurs, personne ne sait très bien où ses restaurants s’approvisionnent en poulet et dans quelle condition. KFC est client des « abattoirs Doux », abattoirs en très grande difficulté financière.
Comme pratiquement toutes les grandes chaînes de restauration rapide, KFC emploie une forte proportion de jeunes non qualifiés, payés pour la plupart au salaire minimum.
KFC débarque donc à la Roche sur Yon et s’installe au rond-point des Etablières. L’entreprise lance une grande campagne de recrutement…beaucoup de précarité en perspective. 95 emplois sont annoncés, sous quel statut ? Pour quel salaire ? Pas de réponse à ce jour. C’est cet exemple de « création d’emplois » que le Président de la République est venu soutenir le 6 août dernier. Drôle de perspective politique qui en fait s’inscrit dans tous les abandons successifs du candidat Hollande.
Nous souhaitons vivement que le nouveau Préfet affiche d’autres ambitions pour notre département. Pouvoir d’achat, retraites à 60 ans pour tous avec un nouveau mode de financement qui fait participer les revenus financiers, emploi-formation-développement, développement des grandes filières industrielles, agricoles et maritimes, défense et développement des services publics, mise en œuvre d’une véritable politique de planification écologique sont des sujets de première importance.
Nous demandons au nouveau Préfet qu’il rencontre rapidement tous les acteurs de la vie économique, sociale et politique du département. Nous y sommes prêts et nous y participerons de façon positive et constructive.
De quoi voulons-nous parler ensemble ?
Du pouvoir d’achat des familles.
Nous renouvelons notre demande au Préfet : qu’il organise, sous son autorité, une conférence départementale sur salaires-emploi-formation et pouvoir d’achat en Vendée. Ceci afin d’évaluer l’ensemble des propositions qui sont faites par les uns et les autres : représentants des salariés, des entreprises, élus, services de l’Etat…
De l’emploi :
Plusieurs propositions sont à l’étude. Nous sommes pour une relance des grandes filières industrielles. De ce point de vue, notre département a une grande tradition agricole et agroalimentaire. Le Ministre de l’Agriculture vient en Vendée mardi prochain. Pour quoi faire ? Nous attendons de lui qu’il affiche de réelles ambitions.
Oui, il faut engager la bataille de la ré-industrialisation de l’agroalimentaire. Il faut agir en faveur d’une alimentation de qualité, saine et accessible à tous, assise sur des filières de productions relocalisées. Il faut construire des coopérations agricoles refondées sur l’intérêt des consommateurs.
Aujourd’hui, le secteur agroalimentaire est l’un des premiers en termes d’échanges et savoir-faire. Il gagnerait à être valorisé avec, à la clé, la création d’emplois. Les rencontres et débats sur ce sujet montrent combien l’attente de propositions est forte. Dans cet ordre d’idées, citons par exemple le projet de création d’un pôle public bancaire que nous portons avec des missions précises. Celui-ci doit être dédié au soutien et à la modernisation des PME avec des aides et crédits publics visant emplois, formations et innovations. De ce point de vue il faut responsabiliser les équipes dirigeantes du Crédit Agricole et du Crédit Mutuel, les contraindre à rendre des comptes.
Il est aussi urgent de légiférer sur les marges entre grandes distributions, transformateurs et producteurs. Il est nécessaire de reconquérir un avenir pour l’agroalimentaire par des engagements en faveur des consommateurs. Il faut obtenir l’obligation d’indication d’origine des produits transformés ou non, de la terre comme de la mer.
Nous demandons au Ministre qu’il se prononce de façon claire et précise contre la fermeture de la laiterie de Mareuil sur Lay.
Dans ce domaine de l’emploi et du développement économique, nous renouvelons notre proposition novatrice d’un droit de préemption des salariés sur les entreprises cédées ou sur celles dont le PDG va partir en retraite. Plus de 5000 vont être concernées en Vendée dans les 6 à 8 prochaines années.
Il faut que des dispositions soient prises pour faciliter la reprise d’entreprise par les salariés, société coopérative participative (SCOP) et société d’intérêt collectif (SCIC). Si de très grandes entreprises d’utilité publique doivent être nationalisées, si de grands services publics doivent être démocratisés et modernisés, il reste un réseau multiforme et multi-tailles d’entreprises petites et moyennes dont il est intéressant de regarder l’avenir.Beaucoup de ces entreprises sont aujourd’hui sous-traitantes, étranglées par des grands groupes, par des taux d’intérêt bancaires exorbitants. Que vont devenir ces entreprises ? Seront-elles absorbées par de grandes entreprises multinationales? Seront-elles purement et simplement fermées ?
Pour ce qui est du développement économique, 3 questions reviennent en permanence dans les discours: la sous-traitance, l’innovation et l’international. Ces questions sont inséparables de deux objectifs majeurs : Interdire les délocalisations etmaintenir ou faire revenir les centres de décision sur place. Trop de centres de décisions ont été délocalisées en France ou à l’étranger. Les faire revenir ou les « installer » en Vendée, pourrait être un facteur décisif de création d’emplois et de richesses sur notre territoire.
Nous soutenons également l’exigence de droits nouveaux pour les salariés, les citoyens, les élus locaux. D’une façon générale, carnets de commande, trésorerie, dividendes, projets d’investissements, valorisations sont en baisse, tandis que les risques provisionnés, impôts et charges, contrôles et régulations sont en hausse. Il ne faut pas laisser aux seuls chefs d’entreprise le choix des décisions à prendre.
Le Président de la République est venu, nous a-t-on dit, « saluer » les personnels de « pôle emploi ». Faut-il lui rappeler les exigences de celui-ci, à savoir :
Mettre à la disposition des Pôles emplois du personnel en nombre suffisant, afin que les dossiers soient mieux suivis.
Proposer des formations utiles et valorisantes. Les demandeurs d’emploi veulent des formations vraiment qualifiantes qui débouchent sur un vrai emploi, rémunéré en conséquence.
Rembourser leurs frais de déplacements quand il s’agit de répondre à une convocation des services de pôle emploi, tel le passage de test, l’établissement de bilan ou à une convocation pour un emploi.
Les services publics sont une très grande priorité. Nous exigeons du Préfet qu’il s’attaque prioritairement à deux d’entre eux :
Le dossier de la santé en Vendée :
Nos inquiétudes portent sur :
le haut niveau de renoncement des soins en Vendée ; le déficit de médecins dans de nombreux secteurs du département ;
la situation particulière en psychiatrie avec des dérives préoccupantes, notamment l’augmentation des traitements médicamenteux aux lieu et place de suivi humain.
Nous rappelons notre opposition à la loi HPST (Hôpital-Patients-Santé-Territoire), dite loi Bachelot, qu’il faudrait abolir, et la remplacer par un système de santé qui prenne vraiment en compte les besoins de santé de la population.
Le PCF renouvelle sa proposition de mise en place de centres de santé plutôt que des maisons médicales de santé qui ne participent pas d’un vrai service public.
L’Ecole.
80% des jeunes vendéens n’ont que l’école pour apprendre. Nous proposons une refonte en profondeur du système éducatif afin que l’école réponde bien à ses missions face au défi qui lui est posé. Les mesures dites « Peillon » sont vraiment insuffisantes.
Enfin, il y a aussi les relations entre l’Etat et les collectivités locales. Nous demandons à ce que l’Etat rembourse la dette qu’il doit à la Vendée et qu’il rétablisse les aides publiques aux collectivités, dette due pour l’essentiel au titre des transferts de charges de l’Etat sur le département, charges qui n’ont pas été compensées comme elles auraient dû l’être si l’esprit de la loi de décentralisation avait été respecté.
Retraites
Le dossier est « chaud ». C’est le moins que l’on puisse dire. Nous serons de la journée d’action intersyndicale de mardi 10 septembre. La « contre réforme » est inacceptable et injuste. Nous ce que nous réclamons c’est :
La retraite à 60 ans à taux plein,
Une Sécurité sociale remboursant à 100% les soins prescrits,
L’accès à un service public de santé de proximité sur tout le territoire,
Une politique familiale universelle assise sur la cotisation, active et préservant le droit au travail des femmes,
Une prise en charge à 100% de la perte d’autonomie toute au long de la vie, une gestion démocratique de la Sécurité sociale
Finances :
Oui il faut trouver de l’argent pour financer tout cela.
Nous réclamons la création d’un grand pôle financier public. Il mettrait en réseau, sous contrôle public et social, la Caisse des dépôts, les Caisses d'épargne et les banques populaires, Oséo, la Banque Postale, les banques mutualistes (CMO ; CA ; Crédit Maritime ; BPA…) dans le strict respect de leurs statuts, avec des banques en difficulté à renationaliser comme Natixis, mais aussi de grandes banques privées, elles aussi, à renationaliser.
Finalement, l'argent, c'est autre part qu'il se trouve !
Si le gouvernement souhaite trouver de l'argent qu'il s'attelle à lutter contre les 80 milliards de fraude fiscale et à mettre en œuvre une vraie réforme fiscale, qu'il prenne l'argent où il coule à flots. Ce sera plus efficace économiquement et plus juste socialement. Le vrai courage politique n’est pas d’alourdir la fiscalité des foyers fiscaux via la politique familiale mais d’aller jusqu’au bout d’une justice sociale, en taxant les revenus financiers et en instituant la tranche à 75%.
Chers amis amis et camarades, la lutte continue
Rendez-vous à la Fête de l’Humanité les 13, 14 et 15 septembre.
Bon courage.