Réagir à la violence fasciste et Combattre les idées du FN
Exiger un changement de cap de la politique gouvernementale et des politiques européennes.
Compte-rendu de la réunion du mardi 11 juin, faisant suite au rassemblement silencieux du 6 juin, rendant hommage à Clément Méric, odieusement assassiné par des éléments fascistes.
Toutes celles et tous ceux qui combattent les idées nauséabondes du Front National et la violence fasciste étaient invités à se rencontrer et à débattre, après l’odieux assassinat de Clément Méric, ce mardi 11 juin, Salle Auguste Brunet à la Roche sur Yon.
Il y avait autour de la table, des militantes et militants communistes et du Front de gauche, des représentants de la CNT (Confédération Nationale du Travail), de Solidaires, du Parti Socialiste, du MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes), et plusieurs jeunes se réclamant des mouvements antifascistes. Il y avait aussi des excusés (CGT), et des militantes et militants opposés à la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes.
Après une courte introduction de Marie-Françoise Michenaud, le débat a vite pris de l’allure et du contenu. L’émotion légitime soulevée par l’assassinat de Clément Méric, jeune militant étudiant à « Science Po », adhérent à Sud-Etudiant, militant antifasciste, est loin d’être retombée. Toutes et tous ont dit vouloir continuer le combat contre la banalisation des idées de l’extrême droite. En même temps, toutes et tous ont dit la nécessité de réfléchir aux causes d’un acte aussi tragique que révoltant et aux moyens d’y répondre. Les groupuscules d’extrême droite, qui se propagent aussi en Vendée, doivent être combattus avec résolution.
Ces groupuscules ne cessent de croître et de se croire autorisés à tout. La manif pour tous les a débridés. Plus grave, c’est que ces groupes sont les bras armés du Front National et d’une droite radicale, qui cache bien son jeu et l’idéologie sous-jacente. Les thèses racistes de tous ordres, celles contre l’immigration, contre l’Europe, pour toujours plus de lois sécuritaires, montent. Elles trouvent malheureusement de l’écho auprès d’une partie de la population, qui n’en peut plus des problèmes d’emploi, de chômage et de pouvoir d’achat ; auprès de celles et ceux qui se trompent d’adversaire : s’en prenant aux plus pauvres qu’eux, ou aux autres différents d’eux, au lieu de s’en prendre aux rapaces de la finance, aux spéculateurs, au capital, aux patrons voyous, aux actionnaires toujours plus avides de rentabilité. Marine Le Pen a réussi son pari : dé-diaboliser le FN. Les sondages alignés par les médias y ont largement contribué.
L'irruption de ces groupuscules ne relève pas du hasard. Quoi qu'en dise M. Le Pen, ils ont surgi dans la mouvance du FN et dans le développement de la « lepénisation » des esprits. La banalisation des thèses d'extrême droite vient de loin : des « mauvaises odeurs » de Chirac à « la défense de l'identité nationale » façon Sarkozy, en passant par des propos prétendument de gauche sur le fait que « la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde » (Rocard) ou encore que « le FN posait les bonnes questions mais apportait de mauvaises réponses » (Fabius).
De son côté, Coppé, le président de l’UMP, est devenu véritable orfèvre en la matière : depuis sa plaisanterie douteuse sur le pain au chocolat, à la droitisation dans laquelle il entraîne son parti, en passant par son omniprésence dans les manifestations anti-mariage gay, aux côtés précisément de ces groupes fascistes, monarchistes ou intégristes.
Si tous les participants à la réunion de mardi se retrouvent sur le fond, ils n’ont pas forcément la même conception des luttes à mener. La « dissolution » des groupes extrémistes d’extrême droite ne fait pas nécessairement l’unanimité, les faits du passé montrent qu’ils reviennent sous une autre forme, et rien n’est réglé sur le fond. Certains veulent « en découdre » avec ces éléments fascisants qui ont défilé en pleine nuit à la Roche sur Yon, visage camouflé, torse nu…entonnant des chants fascistes. Les représentants des collectifs « antifascistes » ont dit leur détermination à ne pas leur laisser le « champ libre ». Idem aussi du côté de la CNT. Toutes et tous respectent les analyses et les propositions des uns et des autres.
Une idée participe des convergences à trouver. Il faut engager un débat public qui ne fasse l’impasse sur rien :
Ces groupes fascistes rejettent toutes les valeurs de la République, ils défendent et professent la xénophobie et l’homophobie. Ils sont dangereux car ils passent régulièrement à l'acte, comme l'ont montré récemment nombres de crimes racistes ou encore des passages à tabac d'homosexuels, ou d’immigrés.
La banalisation des idées fascisantes, la promotion éhontée de Marine Le Pen, la paresse intellectuelle de certains médias. La mise en avant de personnages aussi réactionnaires que Zemmour et, tout dernièrement, de Ménard.
La réplique est à gauche, la gauche dans son ensemble. Ce n’est pas une bataille entre « extrêmes » comme certains, jusque dans les rangs du pouvoir, voudraient nous le faire croire. La gauche, extrêmement diverse, citoyenne, syndicale et politique, mène son combat idéologique contre l'extrême droite et tous ceux qui rêvent de la sainte alliance des droites ; Elle mène son combat sociétal pour la démocratie, la laïcité et la 6ème République.
Elle mène son combat social pour refuser la fatalité de la crise et des politiques d'austérité imposées aujourd'hui au nom de la compétitivité. Plusieurs intervenants ont expliqué comment les décisions politiques du gouvernement conduisaient à la montée du repli sur soi, des peurs, des déclenchements de haine : expulsion des Rom’s ; stigmatisation des pauvres ; accentuation des inégalités sociales ; licenciements boursiers ou abusifs ; fiscalité ; réforme des allocs…ANI, cadeaux au grand patronat…La liste est longue.
La majorité des présentes et présents est d’accord sur la nécessité de se rassembler autour d'une autre politique que celle menée aujourd’hui par le gouvernement. Il a été clairement dit que le combat contre le Pen et ses idées est inséparable du combat à mener pour obtenir un vrai changement de politique.
Décisions prises :
Les organisations, citoyennes, de jeunes, associatives, syndicales et politiques, qui le souhaitent, vont continuer d’échanger leurs idées, leurs propositions d’initiatives, leurs expériences…
La CNT organise un débat public le 17 juin (à préciser). Chacune et chacun décide d’y participer ou non. De leurs côtés, les « militants antifascistes » veulent continuer à faire barrage aux groupuscules « fascisants » qui continuent de provoquer, notamment à la Roche sur Yon. A ce sujet, l’équipe municipale actuelle de la Roche sur Yon a été interpellée.
Il faut faire accepter et prendre en compte, le droit à chacune et chacun de « militer selon sa culture ».
Chaque organisation, chaque groupe citoyen reste autonome, ce qui n’empêche pas de nous retrouver à l’occasion d’initiatives « partagées », dès lors que celles-ci seront connues de tous.
Il faut, dans les formes que chacun décidera, repartir à la « reconquête des esprits » autour des idées et des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, enmettant au grand jour les pièges de l’idéologie fasciste. Il faut retrouver les chemins d'une nouvelle espérance.
La rencontre s’est terminée avec un verre de « Troussepinette »