La Réforme territoriale
Ce n’est pas en supprimant des collectivités locales, en les regroupant et en éloignant les élus de leur territoire que nous allons répondre de façon efficace aux besoins croissants des populations...
Déclaration de l’Exécutif départemental du PCF en Vendée
Selon les prévisions de l’INSEE, la population totale des Pays de la Loire progresserait de 900 000 d’ici 2040, dont 620 000 personnes supplémentaires âgées de 60 ans ou plus. De son coté la Vendée compterait 240 000 habitants en plus. Les besoins vont exploser. Il va falloir développer les services publics, réinventer de nouvelles règles d’urbanisme, travailler à un nouveau type de développement industriel et agricole…
Et voilà que de façon autoritaire le Président de la République et son Premier Ministre nous annoncent la fin des départements et l’obligation faite aux régions de fusionner entre elles. Les deux députés socialistes de Vendée applaudissent. Le Président PS du Conseil Régional ne sait plus vers qui se tourner pour « fusionner ». Il se prend les pieds dans le tapis d’une décentralisation qui est en train de rendre l’âme. L’incohérence est à son comble. Il est urgent de mettre un terme à cette comédie qui reflète bien l’état de déliquescence d’une certaine conception de la politique. C’est du n’importe quoi.
Ce n’est pas en supprimant des collectivités locales, en les regroupant et en éloignant les élus de leur territoire que nous allons répondre de façon efficace aux besoins croissants des populations. Si changement il doit y avoir, et il le faut, c’est en développant la démocratie locale, en permettant aux citoyens de participer activement aux décisions qui les concernent, en allouant aux collectivités les moyens qu’il faut, en leur restituant leur dû. La réforme préconisée par le gouvernement va dans le sens contraire. Elle va confier tous les pouvoirs à quelques « grands élus » intouchables et injoignables, entourés d’experts et de conseils en tout genre coûteux comme ce n’est pas possible.
Il faut arrêter cette dérive autoritaire où tout se décide « en-haut » à quelques uns. Il faut stopper la casse de l’action publique au profit du secteur privé assoiffé de profit. Il faut s’en prendre aux gâchis et aux gaspillages. L’argent public doit être géré avec la plus grande rigueur pour l’intérêt général.
Nous avons besoin du Conseil Général de Vendée, nous avons besoin du Conseil Régional des Pays de la Loire et nous avons besoin des 282 communes de Vendée. Ceci pour une raison simple : il faut garantir l’égalité sur tout le territoire. Il faut favoriser les solidarités. Il faut développer les coopérations. Et, tout ceci sous le contrôle citoyen.
Pendant que l’on parle à tort et à travers de « fusion », de « suppression », on ne parle pas du reste. Par exemple :
Comment on fait, ici et maintenant, pour s’occuper d’emploi, pour s’occuper-par exemple- du devenir industriel du site des Ajoncs, qui a été « lessivé »?
Comment on fait, ici et maintenant, pour s’occuper des « déserts médicaux » qui s’installent progressivement en Vendée ?
Comment on fait, ici et maintenant, pour s’occuper des dossiers de l’eau, des déchets ménagers, qui devraient relever du service public ?
Comment on fait, ici et maintenant, pour s’occuper des questions scolaires, de la lutte contre les « décrochages » sachant que la Vendée est le département qui en souffre le plus ? Comment on s’occupe des nouveaux établissements scolaires à construire (Collèges et lycées) pour faire face à la « révolution démographique » ?
Comment on fait, ici et maintenant, pour s’occuper des personnes âgées. Si la Région des Pays de la Loire dispose d’une offre très développée en structures d’accueil pour personnes âgées, avec un niveau d’accessibilité géographique respectable, il n’empêche que les inégalités ne cessent de progresser.
La suppression du département, l’agrandissement de la Région et l’encouragement à faire fusionner aussi des communes, parce qu’elles manqueront de moyens, va créer un vide très préjudiciable. Les décisions seront prises en dehors des gens. Le secteur privé est assuré de bénéficier de nouvelles sources de développement au détriment de services publics de qualité.
Bien sûr qu’il faut se préoccuper de l’amélioration et de la démocratisation de nos institutions, mais il faut le faire de façon concertée. En Vendée, nous avons cette chance de pouvoir compter sur des milliers d’élus, à la Région, au département, dans les communes qui sont à 95% des bénévoles. Certes, nous ne partageons pas toutes leurs idées, leurs propositions, mais ces élus existent et constituent une force contre la machine technocratique qu’il faut revoir. Cette « machine » est trop au service de « systèmes politiques » que les dernières élections municipales ont sanctionnés. Finalement les quelques uns qui défendent la réforme territoriale sauce « Hollande/Valls » sont ces élu-e-s qui ont fait de la politique leur profession, leur garantie de « système ».
Les réformes territoriales qui nous sont posées ne participent pas d’un projet de développement de la démocratie. C’est tout le contraire. Elles ne rapprocheront pas les élu-e-s des citoyens. Elles ne s’attaqueront pas aux gâchis de toute espèce. Elles vont dans le sens de mettre en concurrence les territoires et leurs populations entre eux et elles, au nom de la compétitivité économique, dans le cadre d’une Europe où la concurrence est « libre et non faussée ». Elles visent à renforcer les « systèmes politiques ».
Il est urgent d’ouvrir le débat sur l’avenir de la République, sur la place réservée à l’Humain d’abord, sur les nouvelles coopérations à construire, y compris à l’échelle européenne. Dans l’immédiat ce que les citoyens veulent, c’est que l’on s’occupe de leurs situations et que l’on réponde à leurs préoccupations. Gardons les trois niveaux de collectivités actuelles (Commune, département et région), ce qui n’est pas contradictoire avec l’exigence d’améliorer leur fonctionnement et de mieux définir leur rôle.