L’Entreprise Plysorol ne doit pas être sacrifiée !
L’entreprise Plysorol ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des profits et des liquidateurs de la forêt africaine
Quand nous avions pris connaissance que, finalement, c’était le groupe Libanais Ghassan Bitar qui reprenait l’usine Plysorol de Fontenay le Comte, nous avions dit : « L’issue est heureuse, mais « Attention Danger ! ». Cette société libanaise est spécialiste dans la fabrication de contreplaqué. Cette reprise s’est faite à coups de millions d’€uros d’aides diverses et variées qui proviennent de l’Etat et des collectivités locales, sans qu’il n’y ait jamais eu de véritable transparence sur les conditions de cette reprise.
Bitar, qui emploie plus de 3500 salariés, est propriétaire de 300 000 hectares de forêt au Ghana. En rachetant Plysorol il a hérité de 600 000 hectares de forêt au Gabon et de deux nouveaux sites industriels toujours dans ce pays. Il avait été reçu en grandes pompes au Conseil Général de la Vendée. Il s’était présenté comme le « bon élève de la forêt d’Afrique ». Ce qui lui importe c’est moins le sort des salariés et l’avenir des territoires que sa propre logique : « avoir la mainmise sur des centaines de milliers d’hectares de forêt pour y développer son business y compris en obtenant une « certification » de sa politique de « déforestation ».
A l’époque j’avais interpellé les différents décideurs, l’Etat, le Président du Conseil Régional, celui du Conseil Général, le Maire PS de Fontenay le Comte, en posant cette question : « de quelle filière bois a t-on besoin? ».
L’argent public n’est pas la solution.
Ce n’est pas à coup de subventions et d’aides publiques que l’on règle les problèmes. Preuve en est faite ! Il faut au contraire développer une politique industrielle de filière qui respecte la question sociale, la question écologique et la question de coopérations internationales dignes de ce nom. Il faut s’appuyer sur un système de financement profondément transformé.
Plysorol a été reprise il y a moins d’un an. Force est de constater que la durabilité de l’activité industrielle est incompatible avec les exigences de rentabilité financière formulées par le principal actionnaire, la famille Bitar ; Incompatible également avec le primat du court terme qui caractérise leur logique. Il faut aussi que cette politique industrielle, dite de filière, s’inscrive dans une stratégie cohérente. Il faut favoriser les coopérations entre branches, ce qui nécessite de se doter de compétences humaines de haut niveau. Le contreplaqué et plus généralement le bois participent de beaucoup de secteurs d’activité. C’est une filière stratégique qui devrait entraîner des politiques structurantes d’investissements et de développement, dans le cadre d’une véritable politique de planification écologique.
Force également de constater que le patron Bitar n’a pas tenu ses engagements. C’est lui qui déclarait au moment de la reprise : « Sur les sites de Fontenay-le-Comte et d’Épernay, l’activité et les emplois seront maintenus. J’embaucherai par la suite, puisque mon objectif est d’augmenter la quantité de production et de développer, à Lisieux, de nouvelles lignes pour des produits à valeur ajoutée : panneaux spéciaux, peinture, vernissage, découpe et stock logistique de panneaux… »
Partant de toute cette situation, je propose :
La demande de remboursement de la totalité des aides publiques dont la Société « John Bitar and Co » a pu bénéficier dés lors que celle-ci maintiendrait son plan de réduction d’emplois et d’activités.
Le lancement d’une véritable stratégie industrielle de la filière bois, en développant les synergies.
Notre action pour sauver l’industrie n’est pas un combat passéiste. Ce que nous visons c’est poser la satisfaction des besoins humains comme moteur d’un développement émancipateur. Voilà pourquoi il faut mettre en place un système de coopérations, une synergie, entre toutes celles et tous ceux qui ont besoin de cette filière bois : les producteurs et propriétaires, les sous-traitants, les industries utilisatrices de ces matériaux innovants. Il ne s’agit donc pas de recommencer à injecter des fonds publics pour des lendemains qui « déchantent ». Il faut au contraire, sous impulsion gouvernementale et avec le contrôle des salariés du groupe, décider d’une stratégie industrielle de la filière bois, avec un vaste effort de « recherche-développement ». Cette stratégie serait soutenue par un pôle public financier que l’actuel gouvernement devrait bien se décider à en accélérer la mise en place.
La question de la propriété de l’entreprise.
La filière bois est prise en otage entre l’exploitation forestière et la commercialisation des produits dérivés. Il faut de nouveaux droits d’information, de regard et d’intervention afin de permettre aux salariés de réellement participer à la définition de la stratégie des entreprises de ce groupe et faire valoir de nouveaux critères de gestion. Il en va de même s’agissant des populations concernées par l’exploitation (la liquidation) de leurs forêts nationales. Pour aller encore plus loin, et compte tenu des enjeux internationaux et environnementaux de cette production, je pose la question de la propriété de cette entreprise qui couvre des besoins essentiels. Ne faut-il pas mettre en œuvre un processus d’appropriation sociale par les salariés, avec un très fort soutien de la part des pouvoirs publics ?