L'Emploi en Vendée
Tout au long de cette longue période électorale de nombreux conflits sont intervenus dans le domaine de l’emploi. Les candidates et candidats du Front de gauche ont su prendre leur responsabilité. Ils ont traités avec clairvoyance ces dossiers.
Ce fût le cas de Marie-Françoise Michenaud confronté aux licenciements chez CWF aux Herbiers.
Anita Charrieau avec la fermeture de DNL à la Merlatière et le cas de la société de transports Girard aux Essarts.
Nous publions dans cette édition des Nouvelles de la Vendée les prises de position de Michèle Tricoire au sujet de Plysorol et du guichet SNCF de Fontenay le Comte et l’analyse de Jocelyn Abjean sur la situation du groupe Doux.
Le Sud-Vendée en mauvaise passe
Ce n’est pas la première fois que nous en parlons. Le Sud-Vendée va mal et tout particulièrement la région de Fontenay le Comte. Pour Michèle Tricoire, candidate du Front de gauche, ce n’est pas une surprise. Selon elle,
« toutes ces dernières années le Sud-Vendée a payé très cher les politiques libérales, tout particulièrement en ce qui concerne l’emploi et les services publics.
Aucun domaine de l’activité industrielle n’été épargné : la métallurgie avec SKF, Samro ; les transports avec Thoinard ; le bois avec Plysorol ; le textile-Habillement, l’agroalimentaire. L’agriculture poursuit son long pèlerinage de restructuration, l’agriculture paysanne est en voie de disparition au profit d’une agriculture productiviste. Il en est à peu près pareil en ce qui concerne la pêche artisanale.
Dans le domaine des services publics, on ne compte plus les suppressions et les démantèlements. Le Sud-Vendée a eu le privilège d’engager les politiques dites de « Partenariat-Public-Privé » à l’Hôpital. Dans de nombreuses communes les services publics de proximité ont disparu : la Poste ; EDF-GDF ; les services du logement, des recettes et impôts…etc. A l’inverse des masses importantes d’argent public ont été mobilisées et englouties pour accélérer la course au productivisme et tenter de faire du Sud-Vendée un nouveau territoire de tourisme pour catégories moyennes et aisées.
La droite a fait du Sud-Vendée sa « terre de mission ». La gauche socialiste ne lui a pas beaucoup résisté. Le coût à payer par la population est énorme… »
Michèle Tricoire dit « Non » à la fermeture du guichet SNCF et va plus loin.
La décision de la SNCF de supprimer le « guichet voyageur » à la gare de Fontenay le Comte ne vient pas seule car elle s’inscrit dans la décision prise en commun par la SNCF et le Conseil Régional des Pays de la Loire de suspendre le projet de réouverture de la ligne voyageurs Fontenay le Comte-Niort et de geler la perspective d’une modernisation de la ligne SNCF Nantes-Bordeaux via Luçon. Ces deux dossiers avaient pourtant reçu un avis favorable du gouvernement de l’époque en 2003-2004.
Décidément les services publics ont mauvaise presse. Ici dans le Sud-Vendée, la droite et le Parti Socialiste qui s’étaient mobilisés pour le « Oui » au projet de Traité de Constitution Européenne veulent aller vite. Ils veulent accélérer la mise en œuvre de ce Traité qui préconise, entre autres, la suppression des services publics et leur remplacement par des « services d’intérêt général » dans le cadre de la mise en œuvre d’une concurrence « libre et non faussée ».
Candidate présentée par le Front de gauche dans la 5ème circonscription :
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Je soutiens et signe la pétition qui exige le maintien du guichet SNCF de Fontenay le Comte.
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Je condamne avec la plus grande rigueur la politique de casse des services publics.
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J’exige du gouvernement socialiste qu’il décide de consulter le peuple par référendum sur la poursuite ou non de la mise en œuvre des traités européens existants, dont il apparaît aujourd’hui que ces traités sont uniquement destinés à favoriser la loi des marchés financiers. Il faut vraiment en finir avec cette Europe dont le seul continent qui vaille est celui de la finance.
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J’exige de la Région des Pays de la Loire et de la SNCF qu’elles remettent en débat, avec les citoyens et tous les acteurs de la vie économique et sociale, le devenir des transports collectifs dans le Sud-Vendée, transports ferroviaires en premier lieu. Il faut une réponse globale et cohérente à une situation elle même globale.
- J’exige également la reconnaissance de droits aux citoyens dans la définition, l'évaluation et le contrôle du service public ferroviaire.
Pour moi il n’y a pas d’autres perspectives que de refaire du rail un enjeu majeur de politique publique en faveur de l'aménagement équilibré et solidaire du territoire, de la mobilité et de la transition écologique. La finalité du système ferroviaire doit bien être de répondre aux besoins grandissants des usagers d’un transport de qualité, fiable, ponctuel et cela en toute sécurité.
Il faut se donner les moyens d’éviter le délitement du réseau ferroviaire secondaire et relancer un maillage du territoire plus dense, non seulement pour les voyageurs, mais également pour l'emploi dans les bassins d'activité où les PMI-PME ont besoin de transports et de logistiques fret. La priorité est au rail et non pas dans les autoroutes anti-développement durable et génératrices de gâchis.
Plysorol ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des profits et des liquidateurs de la forêt africaine
Quand nous avions pris connaissance que, finalement, c’était le groupe Libanais Ghassan Bitar qui reprenait l’usine Plysorol de Fontenay le Comte, nous avions dit : « L’issue est heureuse, mais « Attention Danger ! ». Cette société libanaise est spécialiste dans la fabrication de contreplaqué. Cette reprise s’est faite à coups de millions d’€uros d’aides diverses et variées qui proviennent de l’Etat et des collectivités locales, sans qu’il n’y ait jamais eu de véritable transparence sur les conditions de cette reprise.
Bitar, qui emploie plus de 3500 salariés, est propriétaire de 300 000 hectares de forêt au Ghana. En rachetant Plysorol il a hérité de 600 000 hectares de forêt au Gabon et de deux nouveaux sites industriels toujours dans ce pays. Il avait été reçu en grandes pompes au Conseil Général de la Vendée. Il s’était présenté comme le « bon élève de la forêt d’Afrique ». Ce qui lui importe c’est moins le sort des salariés et l’avenir des territoires que sa propre logique : « avoir la mainmise sur des centaines de milliers d’hectares de forêt pour y développer son business y compris en obtenant une « certification » de sa politique de « déforestation ».
A l’époque j’avais interpellé les différents décideurs, l’Etat, le Président du Conseil Régional, celui du Conseil Général, le Maire PS de Fontenay le Comte, en posant cette question : « de quelle filière bois a t-on besoin? ».
L’argent public n’est pas la solution.
Ce n’est pas à coup de subventions et d’aides publiques que l’on règle les problèmes. Preuve en est faite ! Il faut au contraire développer une politique industrielle de filière qui respecte la question sociale, la question écologique et la question de coopérations internationales dignes de ce nom. Il faut s’appuyer sur un système de financement profondément transformé.
Plysorol a été reprise il y a moins d’un an. Force est de constater que la durabilité de l’activité industrielle est incompatible avec les exigences de rentabilité financière formulées par le principal actionnaire, la famille Bitar ; Incompatible également avec le primat du court terme qui caractérise leur logique. Il faut aussi que cette politique industrielle, dite de filière, s’inscrive dans une stratégie cohérente. Il faut favoriser les coopérations entre branches, ce qui nécessite de se doter de compétences humaines de haut niveau. Le contreplaqué et plus généralement le bois participent de beaucoup de secteurs d’activité. C’est une filière stratégique qui devrait entraîner des politiques structurantes d’investissements et de développement, dans le cadre d’une véritable politique de planification écologique.
Force également de constater que le patron Bitar n’a pas tenu ses engagements. C’est lui qui déclarait au moment de la reprise : « Sur les sites de Fontenay-le-Comte et d’Épernay, l’activité et les emplois seront maintenus. J’embaucherai par la suite, puisque mon objectif est d’augmenter la quantité de production et de développer, à Lisieux, de nouvelles lignes pour des produits à valeur ajoutée : panneaux spéciaux, peinture, vernissage, découpe et stock logistique de panneaux… »
Partant de toute cette situation, je propose :
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La demande de remboursement de la totalité des aides publiques dont la Société « John Bitar and Co » a pu bénéficier dés lors que celle-ci maintiendrait son plan de réduction d’emplois et d’activités.
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Le lancement d’une véritable stratégie industrielle de la filière bois. Développer les synergies.
Notre action pour sauver l’industrie n’est pas un combat passéiste. Ce que nous visons c’est poser la satisfaction des besoins humains comme moteur d’un développement émancipateur. Voilà pourquoi il faut mettre en place un système de coopérations, une synergie, entre toutes celles et tous ceux qui ont besoin de cette filière bois : les producteurs et propriétaires, les sous-traitants, les industries utilisatrices de ces matériaux innovants. Il ne s’agit donc pas de recommencer à injecter des fonds publics pour des lendemains qui « déchantent ». Il faut au contraire, sous impulsion gouvernementale et avec le contrôle des salariés du groupe, décider d’une stratégie industrielle de la filière bois, avec un vaste effort de « recherche-développement ». Cette stratégie serait soutenue par un pôle public financier que l’actuel gouvernement devrait bien se décider à en accélérer la mise en place.
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La question de la propriété de l’entreprise.
La filière bois est prise en otage entre l’exploitation forestière et la commercialisation des produits dérivés. Il faut de nouveaux droits d’information, de regard et d’intervention afin de permettre aux salariés de réellement participer à la définition de la stratégie des entreprises de ce groupe et faire valoir de nouveaux critères de gestion. Il en va de même s’agissant des populations concernées par l’exploitation (la liquidation) de leurs forêts nationales. Pour aller encore plus loin, et compte tenu des enjeux internationaux et environnementaux de cette production, je pose la question de la propriété de cette entreprise qui couvre des besoins essentiels. Ne faut-il pas mettre en œuvre un processus d’appropriation sociale par les salariés, avec un très fort soutien de la part des pouvoirs publics ?
De toutes ces propositions, je suis bien entendu disponible pour en discuter.
Michèle Tricoire
Fontenay le Comte le 4 juin 201