Michelin licencie : Il est applaudi côté PS et côté FN !
Michelin licencie 700 salariés en France, tout particulièrement en Touraine. Il annonce qu’il va continuer à produire ses pneumatiques dans les pays « émergents », là où la main d’œuvre est moins chère. Pour faire « bien » dans ce tableau sombre, Michelin promet des emplois à la Roche sur Yon. Ce qu’il veut surtout obtenir, comme l’ANI le lui permet désormais, c’est d’imposer la mobilité accrue à ses salariés. A la Roche sur Yon, Michelin est chaleureusement applaudi par le maire socialiste, Pierre Régnault et par la future candidate du Front National, Brigitte Neveux…Tout un programme...
Les licenciements chez Michelin, c’est la marque de fabrique de cette multinationale du pneu et des profits.
Déclaration d’Anita Charrieau, conseillère municipale communiste de la Roche sur Yon.
Membre du Conseil départemental du PCF et de la coordination du Front de gauche.
Nous n’allons pas bouder l’annonce faite par Michelin d’investir sur son site de la Roche sur Yon et d’y envisager la création de 170 emplois à terme. Cependant, nous partageons l’avis des syndicats et notamment de la CGT qui fait preuve d’une très grande prudence. Derrière cette annonce, il y a surtout une stratégie de délocalisation d’une des plus importantes sociétés mondiales de production de pneumatiques.
Les propos du Maire PS de la ville et de la représentante du Front National, font preuve d’irresponsabilité. On ne va quand même pas applaudir à la suppression de 700 nouveaux emplois en France, alors que la santé financière de Michelin est resplendissante. La multinationale a réalisé, en 2012, un chiffre d’affaire de 21,5 milliards d’euros, en hausse de 25%, et un bénéfice net de 1,5 milliards d’euros (+ 7,4 %). Résultats obtenus, selon le quotidien économique, Les Echos, grâce à sa montée en puissance dans les pays émergents et ses bons résultats en Amérique du Nord.
Le groupe Michelin compte 115 000 employés dans le monde, et seulement 26 000 en France. Ce redéploiement de Michelin dans le monde, et notamment là où les salaires sont peu élevés, s’est fait à coups de subventions publiques et d’aides diverses. Michelin a d’ailleurs bénéficié à la Roche sur Yon de conditions extrêmement avantageuses en fiscalité et en acquisition de foncier.
Dans les jours qui viennent nous devrions en savoir un peu plus, puisque la Direction Michelin France présentera dans le détail, mercredi 12 juin, aux représentants du personnel, son plan de restructuration. Un comité central d'entreprise se tiendra à Clermont-Ferrand, siège du groupe, le 13 juin.
Michelin licencie et se fait applaudir. C’est le comble !
Déjà en 1999, Michelin avait annoncé dans la même foulée des profits records et la liquidation de milliers d'emplois (7 500). Michelin propose comme menu à ses salariés des départs en retraite anticipée ou de la mobilité sur le territoire national pour les plus jeunes. Quelle arrogance et quel mépris, puisque cette mobilité forcée se traduirait par des déchirements de familles et des séparations insupportables pour les salariés !
Les communistes condamnent vigoureusement ces stratégies d’entreprises qui, en invoquant des raisons fallacieuses, licencient à tour de bras pour satisfaire toujours plus les intérêts de leurs actionnaires. C’est le cas chez Michelin, chez Bongrain (Laiterie de Mareuil) ou encore chez Marine Harvest (Rolmer à Challans).
La mise en concurrence des salariés d’un même groupe, la mise en concurrence des territoires, des départements et des communes ne sont pas acceptables. En applaudissant des deux mains cette stratégie, conduite depuis des décennies par les actionnaires de Michelin, Pierre Régnault commet une faute lourde.
Les communistes seront aux côtés des salariés de Michelin la Roche pour que les engagements de leur direction soient réellement tenus. Ils seront aussi à leurs côtés pour que leurs conditions de salaire et de travail soient revues à la hausse. Michelin n’est pas un modèle social.
Il y a d’ores et déjà deux leçons à tirer de cette « nouvelle affaire Michelin » :
D’une part, l’adoption récente du projet de loi dit « de sécurisation de l’emploi », déclinaison de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) rédigé à l’encre du MEDEF, donne des ailes au patronat, en instituant la mobilité interne comme variable d’ajustement. (1)
D’autre part, il y a 27 jours, le 16 mai 2013, les députés du Front de Gauche défendaient à l’Assemblée nationale leur proposition de loi « interdisant les licenciements boursiers et les suppressions d’emploi abusives ». Dans son exposé des motifs, le texte prenait précisément en exemple « l’affaire Michelin » de 1999, comme point de départ de la généralisation des licenciements boursiers. (2)
En rejetant ce texte, la majorité socialiste à l’Assemblée nationale s’est ainsi privée de tout moyen juridique contraignant pour empêcher ces licenciements abusifs. Ce texte est plus que jamais indispensable à la gauche pour faire cesser le coup de force permanent des financiers contre l’emploi. Le Gouvernement peut agir vite, en remettant à l’ordre du jour cette proposition de loi.
Pour inverser la courbe du chômage, il faut commencer par s’opposer à la spirale des licenciements injustifiés. Il faut en finir avec la domination des rapaces du CAC 40 et des marchés financiers. Les groupes comme Michelin ne doivent plus faire la loi.
La Roche sur Yon le 11 juin 2013.
(1) Texte voté par Sylviane Bulteau et Hugues Fourage
(2) Texte refusé par Sylviane Bulteau et Hugues Fourage