Réhabilitation collective des Fusillés pour l’Exemple
Le 11 Novembre 2014, à La Roche sur Yon, la Fédération de Vendée du Parti Communiste Français apportait son soutien à l'initiative de la Fédération de Vendée de la Libre Pensée, pour la réhabilitation collective des "Fusillés pour l'exemple", hommage rendu qui s'est déroulé place Albert 1er. le PCF 85 a proposé de "rebaptiser" la rue Joffre à la Roche sur Yon, en la requalifiant de rue des "Fusillés pour l'exemple". Voici ce qu'a dit la Secrétaire Départementale du PCF lors de cet évènement
Monsieur le Président départemental de la Libre Pensée, Chers amis et chères camarades, Chères et chers concitoyennes et concitoyens.
Avec vous, en toute responsabilité, nous élevons la plus vive protestation contre le fait que les Fusillés pour l’exemple de la Guerre de 1914-1918 n’ont toujours pas été réhabilités collectivement.
Ces condamnations faites par des Conseils de guerre aux ordres de l’État major sont une honte pour l’honneur de la République et une « tâche » ignoble sur la Justice. Les pelotons d’exécution ont tué des innocents, des balles françaises ont tué des soldats français.
Voilà pourquoi, à nouveau, nous sommes avec vous pour interpeller le Président de la République qui a le pouvoir de rendre justice, d’effacer la honte, de rendre à la République et à la Justice sa dignité.
La Justice doit être pour maintenant.
En ce moment, si précis, où les forces de la haine, du racisme, de l’antisémitisme se proposent comme l’alternative à la politique dite « socialiste », il faut rétablir la vérité historique. On a sali la mémoire de ces soldats français.
Tout juste cent ans après le conflit, il faut que la France toute entière sorte de ses réticences et reconnaisse qu’il ne s’agissait pas de mutins, de lâches ou de traîtres, mais d’une chaire à canon qui, à la limite de ses forces, s’est révoltée devant l’horreur de la guerre.
Sur les 639 soldats cruellement et indignement fusillés, seulement une quarantaine d’entre eux ont été réhabilités depuis, malgré les déclarations successives du premier ministre Lionel Jospin en 1998, du président de la République Nicolas Sarkozy en 2008, ou plus récemment de François Hollande, déclarant, qu’il fallait qu’il y ait un espace pour les « Fusillés pour l’exemple » au Musée des Invalides. Une réponse au cas par cas n’est pas acceptable : nous voulons la réhabilitation de tous.
" Comment voulez-vous que la postérité juge équitablement tous les morts ? Interrogeait Anatole France. Comment les interroger dans l'ombre où ils fuient ? Dès qu'on pourrait être juste envers eux, on les oublie. Dans l'infini charnier creusé par la Première Guerre mondiale, les centaines de " fusillés pour l'exemple " ont bien failli terminer dans la fosse commune des morts honteux. Que pesaient-ils quand les trois premières années du conflit avaient broyé des centaines de milliers de vie ?
Les mouvements pacifistes, la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme, le PCF dans ses premiers pas avaient bien tenté de soulever les dalles de l'oubli. Mais les flonflons de la victoire, la rhétorique du sacrifice outragé, la raison d'État se sont unis pour que le silence soit. C’est une profonde injustice.
Cent ans après l'armistice, il est une obligation, celle de réintégrer dans la mémoire nationale ces soldats sacrifiés en expiation des erreurs du commandement.
Il ne reste plus aujourd’hui qu’une poignée de Poilus pour témoigner de l'horreur de cette boucherie. Il est grand temps de sortir des images d'Épinal. Non, le maréchal Joffre qui défila en tête des troupes le 14 juillet 1919, lors du défilé de la Victoire, n'est pas le héros résolu et forte tête dont l'histoire officielle traça le portrait. Il est d'abord le chef d'état- major qui jette ses troupes dans des « offensives à outrance » qui échouent sur des montagnes de cadavres.
Voila pourquoi, je vous propose, au nom de la fédération de Vendée du PCF, que l’on « débaptise la rue Joffre », à la Roche sur Yon, et qu’on la requalifie, du nom de la rue des « Fusillés pour l’exemple ».
Le journal communiste, l’Humanité, donnait il y a quelques temps la parole à un des derniers survivants qui déclarait, je le cite : « Le pire dans tout ça, c'est qu'aucun de nous ne savait pourquoi il faisait la guerre ».
Ma conclusion, chers amis et chères camarades, je l’emprunte encore à Anatole France, « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels ».
Je vous remercie de votre invitation et de votre attention. Que notre combat se poursuive.
Il faut, et c’est une grande question d’honnêteté politique et aussi de responsabilité nationale : « Réhabiliter collectivement les fusillés pour l’exemple ».