Très bel hommage pour une très grande femme
Ce mercredi 5 février, la foule était nombreuse, à Olonne sur Mer, pour rendre un dernier hommage à notre camarade Odette Roux. Il y avait là ses camarades de toujours, ses ami-e-s et tous ces anonymes qui avaient entendu parler d’Odette et qui voulaient aussi être de cet « au-revoir ».
L’hommage a été à la hauteur de ce que fût Odette. Un hommage de caractère avec des mots justes, de l’émotion retenue et beaucoup de dignité. La famille, petits et arrière-petits enfants, cousin, ont adressé à leur « mémé » que de belles choses, pleines de vie, pleines de belles étoiles.
Nous voulons remercier les communistes qui ont pris la parole dans le salon du funérarium, Marie-Françoise Michenaud, Nicole Landrieau et Bertrand Lavigne. Leurs discours ont été fortement appréciés. Lors de la cérémonie qui a suivi la crémation, Caroline Pottier, secrétaire de section du Pays des Olonnes, a dit toute sa fierté de suivre les pas d’Odette. Jacques Chabalier, membre de l’Exécutif national du PCF est lui aussi intervenu pour rendre l’hommage national à Odette.
Tout l’Exécutif départemental du PCF en Vendée renouvelle à Line et à sa famille, 5 générations, toute son amitié et sa solidarité.
Ci-dessous, les interventions qui ont été prononcées :
« Sourire à la vie »
Marie-Françoise Michenaud, Secrétaire Départementale du PCF
Odette,
Je suis là, aujourd’hui, à tes côtés, avec toutes et tous mes camarades et amis, communistes, pour te rendre cet ultime hommage. Je prends la parole en leur nom à toutes et tous, pour exprimer notre immense peine. C’est un grand honneur pour moi et en même temps je le fais en toute humilité, quand je pense à la femme que tu as été, à celle qui a traversé toutes ces décennies et tant d’épreuves sans jamais perdre l’espoir.
Chaque communiste ici présent, chaque ami, a vécu en te côtoyant, des moments qu’aucun n’oublie. Et ces moments sont singuliers et forts pour chacun. Pour certains, c’est la femme chaleureuse, sans cesse à la découverte de l’autre, avec une capacité exceptionnelle de raisonnement, d’analyse de la situation politique. Pour d’autres, c’est la femme affichant ténacité, volonté d’agir pour transformer le monde. Tu étais tout cela à la fois. Que ce soit pour défendre les Droits de l’Homme, les Droits des Femmes, l’égalité Hommes-Femmes, ou encore, inlassable militante pour la Paix dans le monde, Odette, tu as été, tu es et resteras un exemple pour beaucoup d’entre nous.
Chère Odette, qui mieux que toi a porté haut et fort cet idéal d’émancipation humaine ? Toute ta vie en est la démonstration. « L’Emancipation Humaine, c’est la visée que nous avons, les Communistes, de créer les conditions pour que chacune et chacun puisse construire sa vie libéré(e) de toute domination et développer ses potentialités ».
D’abord Enseignante, résistante, 1ère femme maire d’une ville Sous-Préfecture à la Libération, tu as participé à la mise en œuvre du Programme du Conseil National de la Résistance, quel moment formidable où l’utopie rejoignait la réalité ! Engagée ensuite à l’Union des Femmes Françaises, et à la Fédération démocratique internationale des Femmes, militantante Syndicaliste, partout ton courage, et ta foi dans les capacités des hommes et des femmes à se libérer du joug des oppresseurs a été remarquable.
Au terme d’une vie accomplie, pourtant faite de souffrances, tu n’as eu de cesse de transmettre aux jeunes générations, les valeurs humaines, les actes de résistance qui t’ont conduite vers la liberté, sur les chemins de cette émancipation. Tu as continué à faire vivre toutes celles et ceux, compagnons de ton histoire singulière, résistants, morts pour la France, torturés, déportés, au nom de la barbarie.
C’est Rosa Luxembourg qui écrivait de la prison où elle était enfermée : « Au milieu des ténèbres, je souris à la vie, comme si je connaissais la formule magique qui change le mal et la tristesse en clarté et en bonheur. Alors, je cherche une raison à cette joie, je n'en trouve pas et ne puis m'empêcher de sourire de moi-même. Je crois que la vie elle-même est l'unique secret. Car l'obscurité profonde est belle et douce comme du velours, quand on sait l'observer… »
Merveilleux message d’espoir, comme tous ceux que tu nous a passés. Là était bien ta grande qualité : passer les idées, passer l’espoir, passer la lucidité.
Sourire à la vie, c’est finalement pousser les individus à agir en ce bas monde pour la justice et la paix. La main que tu savais tendre, c’était l’appel à la résistance et au rassemblement de celles et ceux qui souffrent des dominations de tous ordres.
Sourire à la vie, c’est vouloir des hommes et des femmes libres, égaux-égales et associés, riches de leurs vies intérieures partagées. C’est ce que tu as entrepris de faire aussi dans ton inlassable action de rapprochement entre les communistes et les chrétiens. Odette, tu avais su mieux que quiconque promouvoir un souffle d’ouverture dont il y a aujourd’hui besoin face aux divisions et aux dominations dont le poids s’accroît sur la société.
C’est pour tout ceci et au nom de tout ceci qu’il y a de l’admiration et de l’attachement pour toi chez beaucoup d’entre nous. Comme cet ami qui nous a écrit, sachant que tu viens de nous quitter, et qui nous dit :
« Nous perdons une grande camarade et amie ainsi qu’une grande figure de notre Parti en Vendée. Odette était souvent là, près de nous. Sa présence était très importante. Son soutien était permanent.Ses mots étaient importants, car elle portait tant ce témoignage communiste vendéen. Infatigable militante féministe et humaniste.
Odette tu vas forcément nous manquer.
Nous ne t'oublierons jamais, Odette notre Camarade et Amie.
A toi Line, à toute ta famille et tes proches, je veux aujourd’hui te redire notre soutien et notre amitié. J’ai la certitude pour ma part qu’Odette continuera à nous accompagner chacune et chacun d’entre nous ici présents, sur notre chemin personnel, et aussi pour tout ce que nous entreprendrons ensemble sur le chemin que nous construirons dans la liberté, l’égalité et la fraternité.
Un formidable temps de vie
Bertrand Lavigne, militant communiste et militant pour la Paix
Odette, jusqu’aux dernières limites de tes forces physiques, tu as su nous donner à voir ton courage.
Il y a quelques jours encore, avec de jeunes camarades, nous avons partagé avec Line à tes côtés, ces derniers moments de bonheur d’être ensemble. Nous aurions tant souhaité les prolonger, et arrêter les heures au cadran de la montre.
Ton temps de vie, tu l’as consacré sans relâche à convaincre, à faire partager cette certitude que l’on pouvait vivre autrement, dans un monde débarrassé des fracas des guerres, où les femmes et les hommes dans une totale harmonie d’égalité, travailleraient à ce changement de société, où l’Egalité, la Fraternité, la Liberté et la Démocratie ne resteraient pas que des mots au fronton de nos mairies.
J’ai eu personnellement la chance de te côtoyer, alors que je n’avais que 5 ans à la fin de la guerre, depuis, notre route à été commune. A la maison, mon père parlait d’Odette, je n’étais pas peu fière de savoir qu’il conduisait la traction réquisitionnée. Il était un de tes camarades communistes qui t’accompagnaient dans tes nombreux déplacements.
Tout naturellement, j’ai été élevé au « biberon » du militantisme, de l’engagement, de la résistance. Les luttes contre : les injustices, les guerres coloniales, la bombe atomique ; et les grandes grèves ont fait murir en moi ce goût du refus et de la révolte. Odette, tu y es pour beaucoup.
Si l’Ecole primaire et Cours complémentaire m’ont éduqué et aidé à me construire, c’est bien à toi Odette et à tous ces camarades, charpentiers de navires, charbonniers de Blanzy Ouest et Pajarola, marins pêcheurs, cheminots, ouvriers du bâtiment, enseignants, mon père et bien d’autres encore, à qui je dois ce que je suis. Vous avez été mes professeurs d’université populaire dans ces réunions de cellules, celles où l’on apprenait sur « le tas ».
Plus tard, je me souviens de ces retours de la Roche sur Yon où nous avions participé à des réunions de notre Parti, et tu me demandais de chanter ces chansons que tu aimais, Les Canuts, La Butte Rouge.
Aujourd’hui, si nos rêves et nos espoirs tardent trop à devenir réalité, nous ne baissons pas les bras, ta fougue, ton enthousiasme, ta soif de justice et de paix, tes engagements multiples culturels, restent et resteront en nous, nous ferons en sorte que la source ne tarisse pas.
Toute ta vie tu as semé, des graines ont levé, d’autres germent encore, à nous de préparer les moissons du futur.
La dose d’injustice et la dose de honte sont vraiment trop amères, il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut.... du bonheur et rien d’autre (Paul Eluard)
Au revoir Odette, un jour viendra, où nous nous retrouverons dans ton jardin de la Liberté, le « Jardin d’Odette ».
La Rose et le Réséda (le chrétien et la communiste)
Olivier Gaignet alors prêtre aux Sables et Odette Roux militante communiste auraient pu ne pas se rencontrer.
Seulement, ils étaient tous deux engagés pour le service de l’Homme et de la société.
Aux « cafés-théo » organisés pas le prêtre, Odette va, pour tisser des ponts. On y parle des croyants et des incroyants ? alors Odette d’affirmer avec véhémence « mais moi aussi je suis croyante» et d’expliquer ce en quoi elle croit et se bat …
Et lorsqu’une famille sans-papiers, une famille angolaise qui avait fui les combats et la mort dans leur pays, s’est retrouvé en danger au Pays des Droits de L’Homme, alors, tous deux n’ont pas hésité.
Lui, le curé, et elle Odette, l’ancienne Maire communiste des Sables, ils seront leurs parrain et marraine à l’occasion d’un parrainage républicain en mairie d’Olonne.
Et pour reprendre les mots de Fanny dans la biographie d’Odette
« une marraine communiste et un parrain prêtre, est-ce bien catholique ? »
Merci Odette pour tout ce que tu nous as donné !
Caroline Pottier, Secrétaire de la Section PCF du Pays des Olonnes
Odette Roux nous a quittés, notre peine est immense
L’Exécutif départemental du PCF, au nom des communistes de Vendée
Odette Roux nous a quittés. Nous sommes profondément tristes. C’est une grande figure nationale et départementale qui est disparue. Le 17 janvier 2009, nous étions présents à ses côtés quand lui a été remise la Légion d’honneur.
Odette « l’institutrice », nommée à son premier poste en 1936. Un engagement dans l’école qu’elle n’aura jamais quitté. L’école publique lui tenait à cœur. Son combat pour l’éducation et la laïcité a été toute sa vie.
Odette, la « résistante », devenue « Simone Petit » dans la clandestinité, aux côtés de son mari « Frédo », « héros de la Résistance en Vendée », sauvagement assassiné à la prison militaire allemande de la Roche sur Yon.
Odette « l’internationaliste féministe », représentant la France à la Fédération Démocratique des Femmes à Berlin et qui a porté la parole des femmes d’Hanoï à Pékin et dans tant d’autres régions du monde.
Odette la « Femme élue ». Alors qu’après la guerre, en 1945, les femmes votent pour la première fois, elle est la première femme -et seule femme- élue maire d’une ville Sous-Préfecture en France. Odette devient Maire des Sables d’Olonne. Elle a 27 ans. Elle est communiste.
Odette la « militante ». Militante au sein du syndicat des enseignants, le « syndicat des Instituteurs », militante au Parti Communiste Français dès 1941, qui était alors « clandestin ». Odette a contribué à mettre en place le PCF en Vendée. Elle a été de tous ses combats, très souvent candidate à toutes les élections : municipales, cantonales, législatives…
Odette la « mère courage », qui a toujours su prendre en main son avenir et celui de ses proches, tout particulièrement de Line, sa fille et de ses petits et arrière petits enfants. Jusqu’au bout elle a lutté, relevant le défi de la dignité. Et c’est dans cette dignité que sa vie, sa si belle vie, s’est arrêtée là.
Merci Odette de tout ce que tu nous lègues comme valeurs, celle de l’amitié bien sûr, mais celles qui figurent encore au fronton de nos mairies « Liberté-Fraternité-Egalité ».
Adieu Odette.