Hommage aux Communards
La Fédération de Vendée de la Libre Pensée a invité le PCF Vendée à la cérémonie en hommage aux Communards, le 21 juin 2012. A cette occasion, Céline de Faveri, membre de l’Exécutif départemental du PCF, a prononcé une allocution qui donne à connaître le point de vue des communistes.
La Commune de Paris n'a vécu que soixante-douze jours. Le temps d'un printemps. Un printemps qui a contribué à façonner la France et le monde moderne. Devant l'agression d'un gouvernement réactionnaire - issu de la défaite de Napoléon III face à Bismarck -, les ouvriers, le peuple de Paris, les intellectuels révolutionnaires insurgés firent mieux que se défendre. Ils ébauchèrent une société plus juste et une forme de pouvoir placé sous le contrôle direct du peuple. C'était, moins d'un siècle après la Révolution française, présenter les comptes de la société capitaliste et dire à la bourgeoisie : Liberté, Egalité, Fraternité, chiche!
Le temps a passé, mais les classes dirigeantes d'aujourd'hui n'ont toujours «ni oublié ni pardonné».
En effet, il faut les entendre : le combat pour changer la société serait fini, dépassé. Seule n’existerait plus que la concurrence, forcément « libre et non faussée ».
Que n’a t-on entendu, lu et vu: « le capitalisme a gagné ». Il est désormais l'indépassable horizon des hommes. Et voilà qu’un candidat à l’élection présidentielle se rend devant la City-bank à Londres pour rassurer les milieux financiers : « N’ayez crainte leur avait-il dit, chez nous, en France, il n’y a plus de communistes ».
«L'exceptionnalité française»,l'héritage de la nation, la grande Révolution, 1830 et 1848, la Commune de Paris, le Front populaire, la Résistance et son programme, Mai-Juin 68... Tout ça serait fini à jamais. Il faut alors ranger les banderoles et les drapeaux rouges. Il faut en finir avec les archaïsmes, la lutte de classes, le socialisme et les oripeaux de Marx. Il faudrait aussi au nom de Maastricht, «ranger les drapeaux tricolores ».
Sans doute ces « penseurs », ces experts, cesjournalistes de la pensée unique rêvent-ils d’une « Commune » morte à jamais, le tapis rouge, voire le tapis « brun », alors déroulé sous leurs pieds. Comme le disait Victor Hugo, alors que la Commune se clôt provisoirement par l'épopée héroïque et tragique de la Semaine sanglante, «Le cadavre est à terre, mais l'idée est debout ».
Près d’un siècle et demi plus tard, l’idée est toujours là. L'HISTOIRE, certes, jamais ne se répète. A temps nouveaux, solutions nouvelles. Mais, dans notre monde inhumain, inégalitaire, liberticide, dominé par le culte de l'argent-roi, les idéaux de la réussite individuelle, la résignation, l’œuvre et les idéaux de la Commune de Paris de 1871 demeurent d'une actualité brûlante.
La Commune de Paris a instauré la démocratie la plus authentique qui n’ait jamais existé, le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, bannissant la délégation de pouvoirs, reposant sur un véritable «ministère des masses».
Plus que jamais aujourd’hui, alors que la 5ème république est à bout de souffle, le peuple doit reprendre le pouvoir. L’inversion du calendrier et le mode de scrutin vident totalement de son sens les élections législatives, et l’Assemblée Nationale est du coup bien différente du paysage politique de notre pays, tel qu’il avait remarquablement manifesté ses espoirs lors du rassemblement historique à la Bastille le 18 mars dernier avec Jean-Luc Mélenchon. Il faut engager un processus constituant vers la 6ème République.
Elément important de cette démocratie directe : les femmes. Elles sont sur le devant de la scène dès le 18 mars 1871, avec entre autres Louise Michel. Les femmes, très actives dans les clubs et les syndicats, créent le premier mouvement féminin de masse : l'Union des femmes, que dirigent la révolutionnaire russe, Elisabeth Dmitrieff et l'ouvrière relieuse, Nathalie Le Mel.
La Commune marque une étape essentielle vers l'émancipation féminine. Les femmes, ainsi réunies, développent la scolarisation féminine (y compris professionnelle), obtiennent l'égalité des salaires avec les hommes, créent de nombreux ateliers coopératifs autogérés. En mai, elles combattent sur les barricades, telle Jeanne-Marie. Rappeler ceci c’est dire à la fois le chemin parcouru et le chemin qui reste à faire.
Face à notre univers, où déferlent le racisme, la xénophobie, le nationalisme, la Commune de Paris accorde aux étrangers une place de premier ordre. Non seulement ceux-ci se battent dans les rangs communards, mais, fait unique dans l'histoire mondiale, plusieurs étrangers occupent une place dirigeante. Alors que, pour la première fois, est institué en France un ministère du Travail, son titulaire est un ouvrier immigré, un Juif hongrois.
Femmes, hommes, jeunes, Français et immigrés nous n'oublions pas que le drapeau rouge, la Commune et «l'Internationale» ont jailli sur notre sol. Autre temps, autre époque, mais quant au fond, même combat. Triste constat : aujourd'hui des forces puissantes et la crise tirent la société et les individus vers le conservatisme et même l'extrême droite. Mais le combat émancipateur de toutes les forces de progrès continue. Et il a le plus grand avenir.
Le Front de gauche se situe dans cette lignée. En donnant la parole et le pouvoir au peuple, le Front de gauche est lui même « ce chemin ».
Au-delà des différences historiques et à la mesure des transformations que le monde a connues, comme les communards de 1871, nous croyons au bonheur.
Vivent donc les communards, nos aînés, les ouvriers et artisans de Belleville-Ménilmontant, de la butte Montmartre et de la butte au Cailles, de la place Voltaire et de la rue Saint-Jacques ! Et vivent les Varlin, les Vallès, les Dombrovski, les Louise Michel! Vivent les Jeanne-Marie, que Rimbaud chanta !
La Commune a eu son enthousiasme. «Ils montèrent à l'assaut du ciel», disait Karl Marx.
Cet enthousiasme fait toujours partie de notre vie.