Fagor Brandt : Le Front de gauche s’adresse aux députés et au Préfet
Le Front de gauche à la Roche sur Yon et ses ami-e-s ont décidé de cette initiative pour faire entendre au Préfet et aux députés de la Vendée les exigences qui montent de partout dans notre département. Nous sommes ici aussi pour démontrer que d’autres solutions existent.
Il y a 8 jours nous défilions avec les salariés de Fagor-Brandt. Ils le savent, ils ont notre soutien dans le combat qu’ils mènent pour mettre en échec le plan de liquidation de leur outil de travail et de tous les emplois qui vont avec, les emplois directs comme les indirects.
Ce rassemblement intervient aussi quelques jours après que le gouvernement ait fait adopter le budget 2014. Les députés et sénateurs du Front de gauche ont voté contre. La politique gouvernementale enfonce notre pays et son peuple dans l’injustice. Le gouvernement et sa majorité renoncent à s’en prendre à la domination outrancière du capital et des marchés financiers.
Que voulons-nous dire aux députés et au Préfet ?
En ce qui nous concerne nous voulons donner le pouvoir au Peuple.
Nous vous faisons une première proposition : celle de décider, aujourd’hui même, de confier une mission parlementaire à Madame Sylviane Bulteau, députée socialiste de la seconde circonscription et à Monsieur Alain Leboeuf, député UMP de la première circonscription.
Généralement c’est le Premier Ministre ou un de ses ministres qui s’arrogent le droit de confier à tel ou tel député « une mission ». Il faut changer la donne. C’est aux citoyens qu’il revient de décider de la forme et du contenu de cette mission.
Que demandons-nous à ces deux députés, ici et maintenant. Il y a urgence.
Nous leur confions une mission parlementaire qui les obligerait à :
Premièrement, enquêter sur les mouvements de fond opérés par les principaux responsables du groupe Fagor-Brandt, dont les placements à l’étranger notamment en Irlande. Est-ce que ces placements relèvent d’un « micmac » fiscal ? Il faut enquêter et rendre les conclusions.
Deuxièmement, organiser une rencontre nationale avec tous les parlementaires, les maires des villes où il existe un site industriel Brandt, c'est-à-dire Cergy-Pontoise, Rueil Malmaison, Saint Jean de la Ruelle, Vendôme, Lyon, mais aussi Revin. Bien évidemment les salariés, leurs représentants, seront associés à cette rencontre. Cette rencontre pour quoi faire :
D’une part mettre à plat la situation de ces sites. Etudier sérieusement le niveau des investissements existants, les potentialités de chacun de ces sites. Faire un bilan précis des ressources humaines, de leur développement.
D’autre part, en s’appuyant sur toutes les études existantes de travailler à un projet national, voire européen, de construction d’une nouvelle filière industrielle dans ce domaine. Il faut définir une nouvelle politique de planification écologique : quels nouveaux produits ? Quels nouveaux composants ? Quelle nouvelle technologie pour quelle gamme ?
Dès lors que la mission parlementaire aura avancé dans ce domaine, viendra le moment de la décision financière. Nous sommes pour une « renationalisation provisoire », le temps de mettre tout ceci en perspective.
Le troisième objet de cette mission parlementaire consisterait à étudier les possibilités européennes. Nous nous inscrivons en cela dans l’idée d’une « Europe refondée » qui pourrait devenir un des vecteurs privilégiés de l’essor d’industries et de services créateurs d’emplois et répondant aux enjeux de notre époque.
La mission parlementaire aurait alors aussi à charge de mettre en évidence les conséquences des politiques dites de la « concurrence libre et non faussée », de la compétitivité par la baisse du coût du travail ou encore de la rentabilité maximale des capitaux qui constituent le socle de son orientation économique et sociale.
Notre proposition de « Mission parlementaire » confiée à Sylviane Bulteau et Alain Leboeuf n’est ni utopique, ni impossible à mettre en place immédiatement. Elle a un double mérite :
Démontrer en actes que rien n’est joué pour le devenir de ce groupe industriel.
Redonner un peu de sens, un peu de fierté et de responsabilité à l’action parlementaire.
S’agissant du Préfet, notre demande est claire.
Le ministre, dit du « Redressement productif », a dernièrement annoncé qu’il allait emprunter plusieurs centaines de millions d’€uros sur les marchés financiers pour les re-prêter ensuite aux entreprises en difficultés. Nous sommes vraiment tombés sur la tête. En 2012, les principales banques françaises ont été aidées, fortement aidées par l’Etat alors qu’elles étaient confrontées à la grave crise financière, résultat des subprimes. D’autres solutions existent. Les banques doivent retrouver leur mission prioritaire, à savoir : participer au développement économique.
Je vous propose de soutenir cette deuxième grande exigence citoyenne. Les banques sont insatiables. Il faut calmer leur propension à ne faire du fric que pour le fric.
Alors, le Préfet de la Vendée pour se rendre utile pourrait entreprendre de faire un « tour de table »des banques coopératives et les inviter à faire preuve d’un peu plus de « coopérations » avec l’économie locale.
Il faut exiger des banques autre chose que ce qu’elles font actuellement. Par exemple :
Le Crédit Mutuelest devenu, via le groupe de presse EBRA, le groupe Est Bourgogne Rhône Alpes, lepremier propriétaire européen de presse, de par le nombre de journaux vendus. Les fédérations et la caisse centrale disposent d’une structure de holding complexe. Nous sommes bien loin du slogan affiché, selon lequel « Le Crédit Mutuel, c’est la banque à qui parler »et le message « la banque qui appartient à ses clients ».
Au sein de ce complexe financier, finalement assez compact et peu transparent, La banque fédérative Crédit mutuel (BFCM) est certainement l'entité qui a le plus de pouvoir financier dans le groupe. La BFCM a acheté les groupes bancaires CIC, Citibank (ex-filiale de CitiGroup en Allemagne), Cofidis. Suite à ces acquisitions le groupe possède des filiales dans des pays à la fiscalité accommodante (Luxembourg, Suisse, Liechtenstein, Monaco...).
S’agissant du Crédit Agricole, il a décidé, en 2012, un plan d’adaptation centré sur un objectif de désendettement de 50 milliards d’€uros et sur une réduction drastique de ses emplois. D’où vient cette dette, si ce n’est de la grande faillite de ses prises de position financières sur les marchés américains et asiatiques et, ces derniers jours de la claque qu’il a prise à Madagascar. Le plan de ce qui était encore appelé la « Banque du bon sens » et le message « Le bon sens a de l’avenir », a été mené conformément aux objectifs et même au-delà, avec une grande rapidité d’exécution.
Le Groupe Crédit Agricole a réussi à réduire ses besoins de financement de 68 milliards d’€uros et ses emplois pondérés de 57 milliards d’€uros, permettant d’améliorer les ratios de solvabilité et de liquidité du Groupe. Nous le disons avec responsabilité, tout ceci représente un véritable « hold-up » sur l’épargne populaire. Nous attendons autre chose de ce puissant groupe bancaire, qui vient par ailleurs de s’adjoindre les « services » de Sofinco.
L’argent, l’épargne doivent aller au soutien de l’économie locale et non pas dans des opérations spéculatives qui conduisent au désastre.
Autre banque coopérative : la Banque Populaire. Son chiffre d’affaires a progressé de 10,7 % au dernier trimestre et de 12,3 % sur l’année écoulée pour atteindre respectivement 779 et 2 319 millions d’€uros.
Alors, alors que l’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y aurait pas de l’argent immédiatement disponible pour financer de suite le redémarrage de Fagor-Brandt.
Il est vraiment urgent :
De rétablir la justice fiscale, de lutter contre l'évasion fiscale, de faire réellement contribuer le capital au financement des budgets de la nation, et de la protection sociale.
de stopper l'hémorragie actuelle d'emplois singulièrement dans l'industrie et les services publics, en votant les propositions de loi du Front de gauche pour l'interdiction des licenciements boursiers et l'amnistie sociale ; en décrétant un moratoire des plans de licenciements, en stoppant la casse des services publics.
d'impulser un plan national de relance sociale, industrielle et écologique, en augmentant les salaires et le pouvoir d'achat, et en mobilisant l'argent des banques et des assurances.
de sortir du carcan de l'austérité et de la concurrence aveugle imposée par l'Union européenne. La France doit dénoncer le critère intenable des 3% de déficit public, ainsi que les nouvelles injonctions de déréglementation imposées par la commission de Bruxelles.