Intervention d'Anita Charrieau, Conseil Municipal du 11 avril 2014
Monsieur le Maire, Chères et chers collègues,
Nous prenons acte des nouvelles orientations que vous voulez donner au Conseil Municipal. Ce n’est pas tout à fait ce que nous aurions fait. Dans notre programme, « D’abord l’Humain pour notre ville »,...
...nous insistions sur l’idée de rendre le pouvoir au peuple, pouvoir qui lui a été trop longtemps confisqué. Pour ce faire nous proposions la mise en place de commissions consultatives sur les politiques municipales, la création de véritables Conseils de Services avec des pouvoirs réels, la création de conseils citoyens de ville.
Notre état d’esprit n’a pas changé. Nous participerons autant que nos moyens le permettent à l’élaboration de politiques qui répondent aux exigences qui se sont exprimées aux deux tours de l’élection municipale.
C’est d’ailleurs pourquoi, nous vous avons sollicité Monsieur le Maire pour que nous puissions créer notre propre groupe, solidaire et autonome. Nous souhaitons que celui-ci puisse s’exprimer, participer au travail des commissions, être associé aux commissions statutaires.
De notre côté, nous déciderons, si nécessaire, de créer des commissions citoyennes « ouvertes » pour favoriser l’implication des Yonnaises et des Yonnais dans les affaires de leur commune.
Nous pensons par exemple à la nécessité de créer une commission autour des questions de la santé. Le Premier Ministre vient d’annoncer qu’il réduirait, finalement, de 21 milliards d’€uros le budget de la Sécurité Sociale pour satisfaire au Pacte de responsabilité. Ce qui veut dire moins de moyens pour la santé publique à un moment où 1 personne sur 4 renonce aux soins.
A la Roche sur Yon, le Centre Hospitalier Départemental fait état de manques de moyens financiers pour faire face à la montée en puissance des besoins de santé, du recours accru aux urgences pour un plus grand nombre de personnes. Par ailleurs des syndicats de la médecine générale font état d’une situation tendue avec d’un coté plus d’exigences de soins, moins de médecins, des départs en retraite ou des cessations d’activités prévus. En ce qui nous concerne, nous pensons au contraire qu’il faut agir pour une Sécurité Sociale qui rembourse à 100% les soins prescrits, développer le service public hospitalier, le service public ambulatoire de proximité. Il faut agir pour une sécurité sociale universelle, et non la piller. Nous voulons faire appel au diagnostic citoyen pour trouver ensemble les réponses adaptées à cette problématique de la santé.
Comme vous le savez, nous préconisons la création d’au moins un Centre de santé municipal. La commission citoyenne spécifique que nous voulons mettre en place y travaillera, à moins que, Monsieur le Maire, vous ne décidiez dans les semaines à venir de l’opportunité à ce que cette commission soit du domaine municipal.
C’est la même démarche qui nous animera sur d’autres dossiers. Nous le ferons avec esprit de responsabilité et dans la totale transparence.
Monsieur le Maire, chers collègues, depuis notre dernier Conseil Municipal, bien des choses se sont passées.
Le Président de la République a nommé un nouveau Premier Ministre. Les politiques annoncées sont d’une rare brutalité. Elles tournent complètement le dos aux exigences sorties des urnes. Pour les Yonnaises et les Yonnais, pour les Vendéennes et Vendéens la situation ne va pas aller en s’arrangeant. 53% des salariés de l’industrie et du commerce de notre département, soit près de 180 000 personnes sont, selon l’INSEE, payés au SMIC. La proposition du Premier Ministre, de supprimer les charges sociales sur les salaires et de demander aux patrons de transférer cette aumône sur les bas salaires, s’annonce comme une véritable « bombe à retardement », parce que tous ces salariés ne verront sans doute jamais la couleur d’un début d’amélioration de leur feuille de paie. Voila pourquoi nous serons attentifs à tout ce qui pourrait aggraver le manque de pouvoir d’achat des ménages, impôts locaux, tarifications publiques…etc.
Le Premier Ministre a aussi annoncé, en plus de la réduction drastique du budget de la Sécurité Sociale, une nouvelle offensive contre les Collectivités territoriales. Les réformes qu’il préconise, tous les économistes sérieux en conviennent, seront inopérantes. Ce ne sont pas les collectivités locales qui coûtent trop cher, même s’il faut sans doute toujours chercher à améliorer, ce n’est pas le coût du travail qui fait problème. Ce qui coûte c’est le capital, ce sont les politiques des banques et des marchés financiers. Vous l’aurez compris, Monsieur le Maire, qu’on ne compte pas sur nous ici pour défendre cette politique gouvernementale.
Nous serons avec toutes celles et tous ceux qui ont la commune à cœur. Au lieu et place de s’en prendre aux collectivités locales, il est urgent de leur donner les moyens politiques et financiers de remplir au mieux leurs missions sociales, économiques, éducatives et culturelles dont ont besoin les citoyens et les entreprises dans la vie quotidienne ; cela exige de leur consacrer des ressources nouvelles. Une réforme profonde de la fiscalité permettrait de réintroduire de la progressivité et donc de la justice et de l’efficacité dans l’impôt et la redistribution des richesses. Ce n’est pas ce que propose le gouvernement. Voila pourquoi nous le combattons et appelons à la restructuration et à la refondation de la gauche, en terme de projet et de rassemblement.
Nous saurons prendre nos responsabilités dès lors qu’il faudra se mobiliser pour obtenir de l’Etat les dotations que notre commune aura besoin pour faire face à la situation préoccupante qui est la sienne, à commencer par celle de l’emploi.
Notre groupe ne sera pas ici le défenseur de la majorité parlementaire. Il n’est pas « aligné ». Il sera force de résistance quand il le faudra et force de propositions et de constructions en permanence.
Je vous remercie de votre attention.