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Fagor-Brandt : il faut de la volonté politique.

Écrit par Bernard Violain le . Publié dans Emploi

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Initiative des communistes de la Roche sur Yon devant la permanence de la députée

Si le dépôt de bilan de Fagor-Brandt était devenu prévisible, il était pourtant évitable. Depuis de trop nombreuses années, les gouvernements successifs et les élus locaux, au premier rang desquels le maire et les élus de la ville site de la principale unité de production, portent leur part de responsabilité.

Rendez-vous le Jeudi 14 novembre à 15 heures Parking des Flâneries, avec les salariés de Fagor-Brandt et leurs familles, pour une marche jusqu’à la Préfecture, à l’appel de la CGT Brandt-Industrie.

Le groupe Thomson-Brandt, nationalisé en 1982 a été bradé. Parmi les « liquidateurs » on retrouve entre autres un certain Bernard Tapie, le grand copain des socialistes dans les années 80/90.  Alors que nous demandions avec les salariés de l’entreprise, et notamment la CGT, une diversification de la production pour se sortir de la quasi exclusivité sur les produits bas de gamme, que nous demandions aussi plus de « Recherche-développement », les décideurs locaux ont multiplié leur soutien à la direction du groupe et aux différents actionnaires (1). Aujourd’hui le PDG de Fagor-Brandt, s’exprime en ces termes : «Il faut  se faire à la compétition internationale et satisfaire les exigences de bénéfices et de dividendes ». Qu’aujourd’hui le maire de la Roche sur Yon affiche, avec d’autres, sa « compassion » à l’égard de toutes ces femmes et hommes sacrifiées sur l’autel des profits, cela ne suffit plus.

Le maire de la ville de la Roche sur Yon, Pierre Régnault, accompagné du Vice-Président du Conseil Régional, du Président du Conseil Général, du maire d’Aizenay et des deux Députés des deux circonscriptions de la Roche sur Yon, a été reçu à Bercy.

Une rencontre annoncée à grands renforts de publicité qui finalement n’a débouché sur aucun engagement concret. Les deux ministres en charge de ce dossier, Michel Sapin, ministre du travail et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif étaient d’ailleurs absents. C’est sans doute le signe de « leur solidarité ». Quand Sylviane Bulteau se félicite de l’engagement du gouvernement elle triche avec la réalité.

Le Tribunal de Commerce de Nanterre qui s’est réuni, en urgence, ce jeudi 7 novembre, a mis le groupe Fagor-Brandt en redressement judiciaire. Les « repreneurs éventuels » ont jusqu’au 13 décembre pour présenter leur offre. Cette précipitation semble laisser entendre que le « dossier Fagor » était déjà ficelé.

Les sites de la Roche sur Yon et d’Aizenay ne sont pas à vendre. Il faut une « renationalisation ».

Il est assez insupportable d’entendre de la bouche du maire et de la députée qu’il faille encore attendre. Attendre quoi ? Qu’une solution tombe du ciel ? Depuis près de trois décennies, le personnel des ex-usines Thomson est baladé, souvent méprisé. Ca suffit ! 

Pour nous, le gouvernement a immédiatement la possibilité de sauver les usines Brandt qui par ailleurs possèdent de nombreux atouts jusque dans leurs carnets de commande.

Le Parti Communiste dans le Front de gauche en Vendée a fait la proposition d’une renationalisation provisoire (2) du groupe Brandt.Cette proposition n’est pas passée inaperçue. De nombreux acteurs de la vie sociale et économique l’ont reprise. Ce que nous demandons maintenant, c’est que les services des différents ministères concernés par ce dossier se mettent au travail pour développer une grande filière de la domotique et de l’électroménager. Nous disons « développer » et non « reconstruire » car cette filière existe d’ores et déjà. Les deux sites Fagor en Vendée, la Roche sur Yon et Aizenay n’ont pas besoin d’être « réindustrialisés » puisque ces deux sites, et leurs semblables dans les régions Centre et Rhône-Alpes, disposent d’un outil de production viable et d’un savoir-faire impressionnant de qualité. Ils ont même des carnets de commande suffisamment garnis.

Qu’attend le gouvernement pour passer aux actes ? Qu’attendent les élus de la Roche sur Yon pour appuyer cette proposition de « renationalisation » qui est de bon sens. Voudrait-on nous refaire le coup de SKF à Fontenay le Comte ?

En 1982, François Mitterrand avait mis deux jours pour décider de la nationalisation de Thomson, pour en faire un grand groupe dans l’électroménager et dans l’informatique. Gomès puis Tapie sont venus après pour tout « dézinguer ».

Garantir les emplois, afficher une véritable intention de développement industriel, c’est une question de volonté politique. Il y en a assez des sacro-saintes promesses sur les « ré-industrialisations » qui ne mènent nulle part, si ce n’est à la casse de nos principaux atouts. La « rencontre à Bercy » est sans doute à classer dans la rubrique « farce et attrape ». Ce qui est profondément regrettable et scandaleux.

Il faut des engagements précis et sérieux. Trouver les quelques dizaines de millions d’€uros nécessaires ne doit pas être si compliqué pour le gouvernement si on en croit tous les cadeaux au grand patronat qu’il fait : 20 milliards d’€uros dans le cadre de l’accord de compétitivité, le recul sur l’écotaxe, le recul sur le financement par les grandes entreprises du budget de la Sécurité Sociale…

Nous n’accepterons aucun compromis sur le dos des salariés. Régnault et consorts doivent afficher des exigences à la hauteur de la situation. Ce devrait être ça leur feuille de route.

 

1 Le 1er décembre 2012, alors que les salariés d’Esswein exprimaient déjà leurs inquiétudes, le maire de la Roche sur Yon était reçu en « grandes pompes » dans l’entreprise pour remettre les médailles du travail à 88 récipiendaires. Son soutien est plutôt allé à la direction de l’entreprise.

2 Pourquoi une « renationalisation provisoire » ? C’est le seul moyen d’empêcher que les entreprises concernées soient récupérées avec leurs brevets, leurs études, leurs marchés par des spéculateurs ou par des prédateurs, genre « patrons voyous ». A la date d’aujourd’hui il faut protéger l’existence simultanée des deux sites (La Roche sur Yon et Aizenay). Cette garantie obtenue, après, interviendra la seconde étape : construire ce grand pôle de l’électroménager avec les marques de haute qualité qui sont encore les propriétés des deux usines en Vendée. Tout au long de ce processus, les salariés et leurs syndicats doivent être associés.

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