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Xynthia, entendre l’expression et la mémoire citoyenne

Écrit par Bernard Violain le . Publié dans Aménagement du territoire

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L’Etat annonce qu’il se propose de racheter 802 maisons à la Faute et à l’Aiguillon sur Mer. Au final, tout le monde y sera allé de son porte monnaie. L’Etat achète, culpabilise les élus locaux. Le conseil Régional des Pays de la Loire surenchérit, il veut se placer au-dessus des acteurs de terrain, négligeant au passage les services de l’Etat qui se sont beaucoup investis dans ce dossier douloureux, allant ainsi largement au delà de ses compétences. Le département n’est pas en reste, et veut se dédouaner des fautes commises. Tout ceci fait, c’est un peu vite oublier toutes les victimes humaines et les dégâts sociaux, économiques et écologiques de ce drame inoubliable.

A nouveau, comme cela se passe avec les entreprises qui délocalisent ou qui licencient pour faire plus de profit, les différentes collectivités en présence sortent le carnet de chèques, pour se prévaloir, sans doute d’une bonne conscience. L’Etat, la Région, le Département sont en contradiction avec les exigences qui ne cessent de grandir.

Depuis le drame, s’exprime la double nécessité de l’expertise scientifique et de l’expression citoyenne et mémorielle. Or, nous assistons à une espèce d’empressement à tourner la page.

De tout temps, l’être humain a considéré la mer comme un adversaire. Toutes les activités humaines qui existaient sur les polders, sur le littoral, dans les « cases » se protégeaient contre cet adversaire et cherchaient à anticiper ses agressions. Aujourd’hui ces activités humaines ont disparu, le service public des écluses a été supprimé pour faire des économies. Et puis on veut nous faire croire que la mer serait devenue une amie.

Aux lieux et place de culpabiliser les familles sinistrées, il y a bien une autre orientation à prendre pour les 3 niveaux de collectivité : l’Etat, la Région, le département, c’est bien de recréer dans ces territoiressi fragiles, si sensibles, de l’activité humaine. Il faut créer un véritable service public des éco-systèmes. Un service public capable de remettre en route et en perspective l’histoire. La perte de mémoire collective, qui a fait place au chacun pour soi, est dramatique de conséquences.

Depuis cette tragédie, des décisions, des informations contradictoires, des déclarations politiques jusqu’au plus haut niveau de l’Etat se sont succédé et ont entretenu doute et inquiétude. Des travaux de reconstruction ont été entrepris sur toute la partie du littoral qui a été touchée. Il ne s’agit pas de tout rejeter, toutefois le doute est permis sur l’efficacité d’une telle précipitation. Ce sont à nouveau les familles concernées par ce drame qui en paient le prix.

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